Après de longues négociations, des traités de paix sont signés à Utrecht le 11 avril 1713, suivis d’autres accords, en particulier à Rastatt et à Baden en 1714. Cette paix générale met un terme à un conflit européen qui durait depuis 1701 et a eu des répercussions mondiales, la guerre de Succession d’Espagne. Le tricentenaire de la paix d’Utrecht donne l’occasion de proposer une relecture des traités de 1713-1714.
Ce colloque international cherche à voir comment, après les traités de Westphalie de 1648, s’impose en Europe le modèle du congrès diplomatique qui prépare de grandes recompositions géopolitiques pour établir la paix. Le congrès reste une confrontation maîtrisée où se mesurent des rapports de force. Cela permet d’étudier les pratiques de la négociation qui s’appuient sur la sociabilité des élites et qui utilisent toutes les formes de la communication symbolique pour accompagner la pacification.
Le congrès d’Utrecht intègre discrètement les questions économiques, commerciales et coloniales. Nous proposons d’étudier l’intégration des réalités mondiales dans le discours et la pratique diplomatiques, ce que nous pouvons désigner comme diplomatie-monde car la guerre et la paix touchent les domaines coloniaux des pays européens. Une question émerge comme particulièrement importante pour la négociation à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, c’est celle qui s’intéresse à la traite des Noirs à travers la question de l’asiento, la fourniture en esclaves des colonies espagnoles.
Grâce à la paix d’Utrecht, cette réunion se propose de considérer aussi les fondements d’une culture de paix. Le monde diplomatique a besoin d’information et une circulaon des nouvelles favorise l’émergence d’une opinion publique internationale. Une large réflexion s’élabore aussi pour fortifier le nouvel ordre mondial. Enfin la paix se construit comme événement historique. Nous aborderons donc la célébration et la postérité de la paix d’Utrecht.